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Frites, ice cream et autres contrariétés.

Journal d'une maman trentenaire, solo, complexée, atypique et en quête d'épanouissement. Instagram Tilouoo

Et puis un jour, ton monde s'effondre.

Il y a un an, ma vie s'est écroulée.

Si je suis capable d'en parler aujourd'hui, c'est parce que j'ai survécu. 

Au terme d'une année terrible, après avoir passé des mois à porter un masque, à jouer à la vie, et à la personne normale quand tout à l'intérieur de moi n'était que douleur et hurlements étouffés, aujourd'hui, et depuis quelques semaines déjà, je suis sortie du mode survie, et j'ai retrouvé un semblant de paix.

Alors, je suis prête à parler. Et même si tout le monde s'en fout un peu, je vais le faire à ma manière impudique et brute habituelle : sur le clavier, sur ce blog, et sous vos yeux (ébahis).

Parce que j'ai besoin de tirer un trait sur ma douleur, en la jetant à la face du monde, je vais vous la confier, pour m'en débarrasser. 

Il est encore temps pour vous de ne pas lire cet article, je ne sais pas, au moment où j'écris cette ligne, où elle va me mener.

 

Il y a un an, presque jour pour jour, l'amour de ma vie, le père de mes merveilleuses filles, celui dont je pensais qu'il serait toujours à mes côtés, m'a quittée.

Nous préparions l'avenir, notre mariage, nous étions pleins de projets, j'étais foutrement heureuse bordel. J'étais heureuse, seule. Et je n'ai pas vu le vent tourner.

Des frustrations tues, des déceptions cachées et de la lassitude masquée m'ont sauté à la figure en l'espace de quelques semaines. Puis sont parties, sans se retourner.

En moins de deux mois, je suis passée d'un bonheur que je voyais sans tâche, à la solitude, à l'abandon, et au désespoir.

La faute à personne, et à nous deux. L'un n'a pas communiqué sur sa frustration et ses chagrins, l'autre a vécu avec des œillères, et sans jamais voir ce qui se jouait, juste à côté d'elle.

Jusqu'à ce que ça me pète à la gueule. L'été dernier.

Je suis partie en vacances seule, avec mes enfants. Pour me laisser une chance de lui manquer.

Je lui ai donné l'opportunité de confirmer ce qu'il voulait.

A la fin des vacances, il avait déménagé. Il avait commencé à parler rupture début juillet.

Dire que c'était soudain serait faire insulte au terme même d'euphémisme. Dire que j'ai cru mourir serait encore bien en dessous de la vérité.

J'ai déménagé aussi. Mes filles sous le bras, ma vie dans des cartons, nouvelle ville, nouveaux meubles, j'ai joué la comédie du nouveau départ.

Pour tromper le chagrin, j'ai rempli chaque seconde de ma vie, de travail, de loisirs, d'enfants, de sorties, et bien entendu de bouffe, en guettant discrètement le moment où j'allais dégringoler.

Et bien entendu, je continuais d'espérer un retour. Un retour à la norme, un retour à la réalité, un retour à ma vie.

Les cinq stades réduits à un seul : le déni. Ça ne pouvait pas être ça ma vie. Cette histoire, ne pouvait pas être finie. 

D'ailleurs, il gravitait toujours autour de moi, c'est qu'il ne souhaitait pas totalement être parti. Les échanges quotidiens sur tout et rien n'avaient pas cessé. S'il avait toujours besoin de moi, c'était forcément qu'il allait revenir!

Il allait et venait d'ailleurs, et je le laissais aller et venir. 

De moins en moins souvent, de moins en moins abordable, mais toujours là, quelque part à la périphérie.

Et je guettais toujours le moment, où j'aurai atteint ma limite. J'attendais ce jour où la tristesse aurait raison de moi, où mes enfants et ma vie, ne suffiraient plus à panser la plaie béante que j'avais à la place du cœur.

Ce jour qui n'est jamais arrivé.

Et je me souviens parfaitement de la journée qui a marqué un tournant dans ce cycle. C'est facile, c'est un jour immuable dans le calendrier. La Saint-Valentin, le 14 février.

14 février 2018, putain de journée.

 

Et puis un jour, ton monde s'effondre.

Un jour de travail comme les autres, et son message laconique au réveil "fin de la nuit, je rentre me coucher".

Et bien sûr Facebook (cette petite bitch) dans le train qui me rappelle combien j'étais heureuse à la même date un an, deux ans, cinq ans plus tôt.

Et puis arrivée en ville, je passe me chercher un petit déj dans ma pâtisserie bobo préférée, mais bien sûr, sur le panneau digital devant la porte les parisiens se crient leur amour en 160 caractères (merci la Mairie).

Je rentre me réfugier au bureau, mais dans le hall d'entrée le CE distribue des cœurs en chocolats, en me souhaitant une belle fête de l'amour (je résiste héroïquement à  dire "non merci moi, mon futur ex époux s'est barré", et je bouffe leur putain de chocolat pour me consoler).

A mon tour d'envoyer un message : "sale temps pour les cœurs brisés".

10h, ma boss reçoit des fleurs, je descends les chercher, je remonte en priant pour ne croiser personne avec le bouquet ("oh c'est troooop mignon qui est-ce qui t'envoie des fleurs").

A ce moment, je me dis que je ne vais pas survivre à la journée.

11h, mon message a été lu. Silence radio.

La journée s'est passée dans le silence téléphonique le plus complet et le plus inhabituel. Ma solitude à l'épreuve du vide intersidéral.

Et c'est ce soir là, une fois que mes filles ont été couchées, que j'ai réalisé que j'avais survécu, et que j'allais survivre.

C'est ce jour-là que j'ai compris qu'il fallait que j'arrête d'attendre, que j'arrête d'espérer, et surtout que j'arrête de rester là, la bouche ouverte, à attendre qu'on veuille bien y déposer quelques miettes.

Bien sûr, si on lit mon journal perso (celui où j'insulte la terre entière et que je ne peux donc pas dévoiler ici), à cette date, les phrases sont beaucoup bien moins tournées, et je ne parle pas de "déposer des miettes" mais de "déverser de la merde". Toutefois, la haine n'a jamais réellement été tenace chez moi. (Les pages entières de "je le déteste" en mode écriture automatique de mon journal m'en sont témoin.)

Mais la vérité, c'est ce que c'est ce jour-là, que j'ai décidé de revenir. 

Le comment vous sera peut-être raconté dans les prochains épisodes de cette grande saga de l'été pour laquelle je n'ai pas encore trouvé de titre.

Mais quoi qu'il en soit, la longue descente s'est arrêtée là, et la suite, n'a été qu'un long chemin retour (à grands renforts d'amis, de révolution professionnelle, de mes zouz, de décolletés plongeants et de rouges à lèvres très très rouges).

Alors oui, j'ai repris 15 kilos, j'ai énormément picolé, et j'ai dépensé des sommes astronomiques en nouvelles robes, mais à ça aussi, je survivrai.

 

Et puis un jour, ton monde s'effondre.
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L
Quel courage... ça force le respect, bravo. Je te souhaite d'avancer encore, encore et encore. Tu es forte et un veritable modèle pour tes filles.
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